Dès l’arrêt de ses études, bien des jeunes ont le désir d’entrer dans la vie professionnelle pour bien préparer l’avenir et la retraite.
Sommaire
Les jeunes et la vie professionnelle
Dès le début de ce siècle, on s’est aperçu qu’en raison de l’évolution sociale et technologique il y avait de moins en moins de probabilités de voir les fils embrasser la carrière des pères, comme il fut longtemps de tradition dans nos pays de paysans et d’artisans.
Depuis quelques lustres, on commence à réaliser que les jeunes ont de fortes chances de quitter la vie professionnelle en exerçant une activité qui n’aura pas grand-chose à voir avec leur premier métier.
Ce monde de la mutation permanente a nécessité la mise sur pied de mécanismes d’adaptation tels que la formations continue et les mesures récentes sur le sort des salariés licenciés par suite des changements économiques et techniques.
Chacun a ce phénomène présent à l’esprit. Sans doute ne s’en réjouit-on pas toujours, car nous n’avons plus dans le progrès une fois très exaltée, mais au moins admet-on volontiers qu’il faudra bien s’adapter puisque l’on ne peut faire autrement.
Malheureusement, par une sorte de cloisonnement intellectuel dont nous sommes coutumiers, ce qui apparaît inévitable et évident dès que l’on considère l’évolution de sa carrière, ses besoins en formation et les risques de licenciement, est totalement oublié dès que l’on pense retraite.
Or notre système de retraite est fondé sur une conception quasi médiévale de la profession. On y sacrifice encore au vieux principe des corporations qui voulait que les anciens apprennent leur métier aux plus jeunes, lesquels étaient supposés les en payer plus tard en les secourant pendant leur vieillesse.
Les travailleurs face à la cotisation
Les cadres cotisent pour les cadres ; les notaires pour les notaires ; les sages-femmes pour les sages-femmes et non pour les auxiliaires médicaux, lesquels sont bien assez grands pour s’occuper de leurs affaires ; les ouvriers du bâtiment seront nourris par les ouvriers du bâtiment ; l’Opéra et l’Opéra-Comique ne vont évidemment pas mélanger leurs sous avec ceux des gens de la Comédie-Française, encore moins avec ceux des auteurs ; les mineurs ne sont évidemment pas des ouvriers ou des commerçants ; quant aux fonctionnaires, ayant été nourris dans le giron de l’État auquel les non-titulaires de l’administration ne sauraient avoir accès, ils entendent bien y conserver une place de choix.
Ce qui fait que tout ira bien dans dix, vingt, trente ou quarante ans s’il y a autant ou plus de cadres, de notaires, de sages-femmes, d’auxiliaires médicaux, d’auteurs, d’artisans et de fonctionnaires qu’il y en a maintenant.
Quarante ans, direz-vous, c’est loin ! Point tant ! Si vous avez aujourd’hui ce bel âge, il y a de fortes chances qu’à ce moment-là vous soyez encore en vie et, qui mieux est, en forme.
Vous n’aurez pas envie qu’on vous réduise votre retraite sous prétexte que votre ancienne profession est en voie de disparition.
L’organisme de compensation
Quand on entreprend, sur ce point, les professionnels des retraites, ils vous font remarquer que tout le monde est bien conscient de ce fait et que l’on s’en préoccupe depuis longtemps.
Des mécanismes compensateurs ont été mis en place de longue date. Ils donnent, dit-on, pleine satisfaction. Ils concerneraient 98 % des caisses.
Ce n’est pas inexact. Mais il ne fait pas oublier que la compensation joue uniquement entre caisses concernant un groupe socio-professionnel bien déterminé ou entre caisses gérant les intérêts de professions proches parentes.
Les caisses de cadres ont leur organisme de compensation, lequel n’a jamais eu pour ambition de venir en aide aux vétérinaires retraités.
Les quinze sections du régime de base des professions libérales ont une organisation commune qui a bien l’intention de laisser les concierges et les agriculteurs à leur sort.
La même caisse autonome des professions libérales compense entre eux les régimes de base, non les régimes complémentaires.
Si compensation il y a entre notaires et architectes, ce ne sera donc que pour la partie la plus maigre de leurs retraites respectives.
De même la compensation organisée entre régimes adhérent à l’ARRCO ne joue-t-elle que sur la fraction des retraites alimentée au moyen de la cotisation minimale de 4,40 %.
Les cotisations perçues en sus sont génératrices de droits à des prestations de retraite qui ne font l’objet d’aucune compensation.
Au surplus, il faut comprendre ce qu’est une compensation. C’est un mécanisme conçu pour annuler des effets de flux et de reflux alternés.
Ce n’est pas un mécanisme susceptible de pallier un déficit permanent. On voit mal une ou plusieurs caisses « riches » servir indéfiniment de vache à lait à d’autres caisses « pauvres » sans que finissent par s’émouvoir et s’insurger les affilés des premières.
Les régimes des mines
L’évolution actuelle nous met plusieurs exemples sous les yeux. Prenons le cas des régimes des mines. En 1926, les pensionnés y représentaient 18 % des actifs, chiffre élevé mais supportable.
Depuis, la situation s’est progressivement dégradée jusqu’à représenter, en 1971, le chiffre effarant de 400 % des actifs.
Même phénomène, quoique moins accentué, en ce qui concerne la SNCF qui comptait déjà, environ un pensionné sur deux cotisants en 1971.
Que s’est-il passé dans ces deux cas ? L’État et la sécurité sociale sont venus au secours.